2023 restera une année marquante pour Kévin Estre en FIA WEC. Tout en restant pilote officiel Porsche, le Français est passé de la 911 RSR (991) de type Grand Tourisme GTE Pro à la 963 correspondant à la réglementation Hypercar, la catégorie reine de l’endurance au niveau mondial. Les obstacles furent nombreux mais le travail acharné du natif de Lyon, de ses coéquipiers et de son team Porsche Penske ont permis de conquérir deux podiums en chemin vers la 6e place du championnat du Monde. Il faudra les surveiller en 2024 ! Quant à sa passion de la découverte, Kévin a pu l’assouvir en Repco Supercars Championship, la discipline-phare du sport automobile australien !
Sur une courbe ascendante en FIA WEC
La catégorie Hypercar, qui a fait revenir de grands constructeurs en Endurance, a attiré des foules considérables sur les circuits du FIA WEC. Le Centenaire des 24 Heures du Mans, qui s’est joué à guichet fermé, fut à cet égard emblématique. La subtilité du règlement Hypercar est de proposer aux constructeurs le choix entre deux définitions : LMh (voiture créée à partir d’une page blanche) et LMDh (châssis d’origine homologué LMP2).
Kévin est fidèle au FIA WEC depuis 2016, quand il est devenu pilote officiel Porsche. Son palmarès dans la catégorie LMGTE Pro fait état d’un titre de champion du Monde et d’une victoire au Mans. Que retenir de cette saison passée à se battre pour le classement général au volant de la Porsche 963 #6 partagée avec Laurens Vanthoor et André Lotterer ? « Globalement, deux marques, qui engageaient des LMh, ont évolué un ton au-dessus. En fin de championnat, je pense que nous avions la LMDh la plus compétitive, alors que ce n’était pas le cas au départ. Nous avons passé un step et on a commencé à menacer sérieusement les Ferrari. Nous les avons même battues à la régulière aux 6 Heures de Fuji où on a lutté pour la gagne face aux Toyota. »
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Lors de cette avant-dernière manche du championnat, la #6 a mené pendant 4 heures et Kévin a maintenu la première Toyota derrière lui pendant une heure et demi ! Il poursuit : « c’est la preuve qu’on a progressé en fin de parcours. Pour nous, Le Mans est arrivé un peu tôt et les 24 Heures restent la déception de l’année. C’était la première saison pour la 963, il a fallu apprendre, mais aujourd’hui, nous sommes performants. »
Toujours au rendez-vous du GT3
Comme chaque année, Kévin a rejoint différentes écuries privées alignant des Porsche 911 GT3 R à l’occasion d’événements majeurs du Grand Tourisme. Si les 24 Heures de Daytona et du Nürburgring ne laisseront qu’un souvenir périssable, Kévin a décroché une 4e place aux 24 Heures de Spa au volant de la Porsche la mieux placée, celle de Manthey EMA, en trio avec Laurens Vanthoor et Julien Andlauer. Autre satisfaction, Petit Le Mans avec une 2e place en GTD pour le compte de Pfaff Motorsports, à un souffle de la victoire. De Macao, en revanche, on retiendra surtout le dépassement de Kévin sur Earl Bamber, un des rares à être intervenu au cours de cette Coupe du Monde FIA GT.
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Découverte : de l’Hypercar à la Supercar !
Le « bonus » de la saison de Kévin est une escapade en Australie pour disputer deux manches du Repco Supercars Championship. « Un vieux rêve ! Je m’intéresse depuis longtemps à ce championnat. Sur un concours de circonstances, je me suis retrouvé chez Penrite Racing dont je connais bien les dirigeants, Steve et Benton Grove, car ils roulent en amateurs avec une Porsche. Ils avaient besoin d’un pilote pour seconder Matt Payne dans deux courses « enduro », les Sandown 500 et les fameux Bathurst 1000, autrement dit « The Great Race ». En tant que pilote Porsche, on bénéficie d’une bonne renommée là-bas, on se sent très bien accueilli et le respect est mutuel. Le championnat est très relevé, les pilotes sont excellents et les teams de grande qualité. C’est un petit monde un peu à part, qui me rappelle le Japon avec le Super GT, très différent de ce qui se fait en Europe. Ford et Chevrolet se disputent la suprématie nationale. Nous avons fini P6 à Sandown, devant les autres Mustang, et P11 à Bathurst. »
Des résultats de haute tenue pour un « novice » dans une discipline où tout semble fonctionner de façon inversée. « On freine avec le pied droit et il a fallu aussi se réhabituer à débrayer et à faire le talon-pointe. Cela n’avait pas dû m’arriver depuis l’époque de la Porsche 997 Cup. La boite est séquentielle mais avec un levier, situé à gauche car on est assis à droite. Et il y a nettement moins d’aéro par rapport aux autos que je pilote habituellement. Une super expérience et sans doute mon plus gros challenge depuis longtemps. » Ajoutons que Sandown et Bathurst tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre contrairement à la grande majorité des circuits européens.
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En 2024, Kévin repartira en FIA WEC avec une Porsche 963 de l’équipe officielle Porsche Penske au sein d’un line-up inchangé. « Le team sera plus rodé et connait maintenant mieux la voiture et les pneus, mais il y aura aussi plus de concurrence. » La saison commencera toutefois en IMSA, par les Rolex 24 At Daytona en GTP (équivalent de l’Hypercar en FIA WEC Ndlr) avec Nick Tandy, Laurens Vanthoor et Mathieu Jaminet. En fonction des opportunités, on devrait aussi revoir Kévin en GT au départ de quelques grandes classiques du calendrier !
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